Selon un guide publié par la WWF en 2016, un Français mangerait en moyenne 20 kilogrammes de poisson par an, soit une consommation qui a doublé en 50 ans.
Aujourd’hui, les ressources halieutiques sont très convoitées, on pense notamment aux diverses espèces de poissons en proie à une surpêche, élément révélateur de notre société de surconsommation. La hausse de la consommation de poisson est d’autant plus alarmante qu’elle est combinée à des chiffres de surexploitation impressionnante des stocks : 31% au niveau mondial et, rien qu’au niveau méditerranéen, 93%. Autant dire que nous consommons bien plus que ce dont nous avons besoin, et que ce que la nature a à nous offrir.
Pour pallier la surpêche, l’Union européenne agit dans le cadre de la politique commune de la pêche (PCP) qu’elle a mise en place dans les années 70. L’article 3 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne lui confère en effet une compétence exclusive en matière de conservation des ressources biologiques en mer.
La politique commune de la pêche : une politique de gestion des stocks de poissons
La PCP est définie par la Commission européenne comme « une série de règles destinées à gérer la flotte de pêche européenne et à préserver les stocks de poissons ». Elle ajoute d’ailleurs que sa conception relève de la gestion d’ « une ressource commune », qui intéresse tous les êtres humains et relève d’un écosystème entier. Ainsi, il s’agit d’agir à l’échelle européenne pour la conservation de ces ressources marines. La Commission est très transparente et précise que les stocks sont limités voire surexploités, d’où son action préventive.
L’un des quatre principaux domaines d’action de cette politique concerne la gestion des pêches. Il s’agit plus précisément d’établir des quotas de pêche à ne pas dépasser, de sorte à maintenir les stocks de poissons et d’éviter la disparition d’une espèce.
L’Union européenne a agi notamment pour la protection des stocks de loups de mer.
La protection du loup de mer : une espèce en déclin
C’est dans l’Atlantique Nord que le loup de mer, communément appelé bar, est de plus en plus convoité à but commercial ou récréatif. En 2020, il est le second poisson le plus cher sur le marché des espèces d’Atlantique Nord-Est, derrière le homard européen : ceux pêchés par crochet ou ligne sauvage peuvent atteindre 35€ du kilo. Le bar ne fait pas partie des espèces en voie de disparition, mais son stock diminue considérablement. Il était relativement bas au début des années 90, jusqu’à descendre sous le seuil de 5000 tonnes, niveau qui peut entraîner une sérieuse altération des capacités de reproduction. La courbe est repartie à la hausse en 1995 pour finalement rechuter en 2015. Ainsi, la protection du loup de mer est préconisée par nombre de scientifiques.
La direction générale des affaires maritimes et de la pêche note les efforts de l’Union : « Le stock Nord a été géré au niveau national jusqu’en 2015, date à laquelle des mesures d’urgence ont dû être prises au niveau de l’UE pour rétablir l’état du stock en déclin. Depuis 2015, l’UE a adopté une série de mesures tant pour la pêche commerciale que pour la pêche récréative, notamment des limites de captures mensuelles, des limites de captures journalières et des périodes de fermeture. ».
En quoi consistent concrètement les mesures prises par l’Union européenne ? En 2015 l’Union a établi un maximum mensuel de prises par navire, variant entre 1000 et 3000 kilogrammes par méthode de capture. Par exemple, les chaluts pélagiques* ne peuvent capturer plus de 1500 kilogrammes de loup de mer par mois. En 2019, la Commission européenne a imposé aux pêcheurs récréatifs de la Manche et de la Mer du Nord de ne capturer qu’un loup par jour entre le 1er avril et le 31 octobre. Ceux pêchant en Atlantique proche du Finistère avaient en 2020 un quota maximum de deux loups quotidiens par pêcheur. Cette politique a d’ailleurs été reconduite pour 2021. L’Union a également adopté une mesure d’urgence fixant à 42 centimètres la taille minimum des loups péchés. En effet, nombre de poissons sont pris dans les filets alors qu’ils n’ont pas encore atteint l’âge adulte, ce qui fragilise la possibilité de reproduction de leur espèce. Ici, l’Union vise à empêcher qu’un poisson n’ayant pas encore pu se reproduire ne soit capturé. Enfin, les filets fixes sont interdits depuis 2019 dans le cadre de la pêche récréative, car trop peu sélectifs. Pour les pêcheurs récréatifs, l’Union va jusqu’à mettre en place des mesures de prévention contre la revente illégale : la nageoire caudale du bar débarqué à terre doit par être coupée pour le différencier des poissons vendus par les professionnels.
L’alternative : la pêche durable
L’Union européenne, soucieuse de la conservation des ressources de la mer, a co-financé le projet Fish Forward lancé par le WWF dont le but est de garantir une viabilité des poissons et crustacés en triptyque : environnementale, économique et sociale. Avec onze pays adhérents, dont la France, le projet a pour but de sensibiliser les citoyens, plus spécifiquement les consommateurs, à un développement durable et responsable des produits issus de la mer.
À l’heure actuelle, les choix des consommateurs sont aiguillés via des labels publics, notamment les labels BIO (Agriculture biologique), MSC (Marine Stewardship Council) et ASC (Aquaculture Stewardship Council).
La WWF a répertorié diverses espèces de poissons à travers un code couleur distinguant les produits certifiés par des labels indépendants recommandés, ceux à favoriser, ceux à consommer avec modération et ceux à éviter. À titre d’exemple, on remarque que le thon est une espèce à consommer modérément voire à éviter dans la plupart des eaux.
Si vous souhaitez contribuer à l’amélioration des stocks sans pour autant vous priver du plaisir de manger du poisson, le mieux serait tout simplement de réduire votre consommation et de privilégier les produits labélisés !
*Le chalut pélagique est une méthode de capture des ressources halieutiques. Il s’agit d’un filet remorqué à un navire de pêche, naviguant les eaux allant de la surface au fond.
Sources
WWF, L’océan dans votre assiette, 2016
Commission européenne, Politique commune de la pêche (PCP)
Commission européenne, How is the EU protection sea bass ?
Commission européenne, Direction générale des affaires maritimes et de la pêche, Pêche commerciale et récréative du bar sauvage dans l’Atlantique, Analysé économique et marchés, juin 2020
Commission européenne, Seabass – Market trends of one of Europe’s top fish, 2020
COUNCIL REGULATION (EU) 2020/123 of 27 January2020
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